- 5 novembre 2022
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- Editorial
Les petites entreprises dans l’économie
Les très petites entreprises sont le fer de lance de l’économie de la Guadeloupe en raison du nombre important de salariés dans l’entreprise et de son implantation sur le territoire.
Pourtant les collectivités ne semblent pas prendre en considération cette réalité, alors que les très petites entreprises représentent un pilier de notre économie.
En accompagnant les très petites entreprises dans leur développement les collectivités locales obtiendraient un vrai maillage du territoire avec des zones d’activité identifiées.
Accompagner les petites entreprises c’est leur permettre un accès plus facile au crédit professionnel car régulièrement le créateur d’entreprise crée souvent son emploi avec des ressources insuffisantes. Les banques locales tournées en grande majorité vers les produits financiers de consommation sont rarement des interlocuteurs partenaires pour le développement et la pérennité des très petites entreprises.
Pourtant seules les collectivités peuvent pallier à la frilosité des banques dans le financement des petites entreprises. Pour cela il y a un besoin de créer et développer des modes de financement public.
Selon les statistiques de l’INSEE 90% des entreprises Guadeloupéennes sont des petites entreprises ce qui démontre qu’en leur sein se trouve le vivier de l’emploi local (emploi direct et emploi indirect).
Dans une région où le chômage est important en particulier le chômage des jeunes avec un taux de 50% Il faut absolument que la stratégie de développement économique et social des collectivités locales se fasse autour de la petite entreprise.
La petite entreprise dans les services, le développement durable, l’agriculture, les métiers de la mer, la biodiversité, l’artisanat, les nouvelles technologies, la culture, les services à la personne etc, constituent une opportunité pour l’aménagement du territoire.
L’action de ces collectivités doit s’inscrire dans une vision stratégique à long terme avec une approche endogène du développement économique et de l’occupation spatiale des entreprises.
Toujours selon l’INSEE, il y a un fort taux de création d’entreprises en Guadeloupe démontrant ainsi un dynamisme entrepreneurial. Cependant au bout de trois ans il y a un taux d‘échec important pourquoi ?
Petites entreprises et finances
Très souvent les créateurs d’entreprises démarrent avec des fonds propres insuffisants ce qui plombe très rapidement la possibilité de croissance de l’entreprise à cela s’ajoute aussitôt la création de l’entreprise les cotisations sociales et fiscales à débourser.
Le concours du financement public s’avère là aussi vital dès la création de l’entreprise, il faut nécessairement repenser l’accompagnement financier des collectivités sous cet angle-là.
Les charges sociales et fiscales pensées avant tout pour le territoire national ne correspondent nullement à la réalité des petites entreprises locales. Ces petites entreprises évoluent sur un marché restreint avec des couts des matières premières plus important que les entreprises nationales. Ces mêmes petites entreprises de part l’éloignement du territoire national doivent travailler avec des stocks conséquents afin d’éviter les ruptures d’approvisionnement donc en supportant des surcouts financiers.
Il est illusoire de penser que nos petites entreprises peuvent évoluer dans le même cadre social et fiscal que les entreprises nationales tout en restant complétives.
Il faut donc des mesures dérogatoires en faveur des petites entreprises locales :
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- Réserver un volant d’appels d’offres pour la petite entreprise comme le Small Business Act aux Etats-Unis (lancé en Ile de France en 2017).
- Aménager les charges sociales et fiscales en fonction du territoire.
- Créer une banque spécifique pour les petites entreprises avec des fonds abondés par les collectivités locales et l’épargne local.
Demain l’Économie locale
L’économie locale hormis le sucre et la banane est relativement jeune ce qui permettra de positionner des secteurs économiques porteurs pour le développement local.
Les nouvelles technologies, la biodiversité, les services à la personne l’économie sociale et solidaire sont des exemples de niches économiques qui sont à l’échelle du territoire en matière d’économie et d’entreprises de proximité.
Dans l’économie sociale et solidaire il y a une approche plus sociale et plus solidaire de l’économie locale en raison justement de la structure de cette économie qui est avant tout coloniale.
Il faut aussi le concours des collectivités pour soutenir des secteurs spécifiques à fort potentiel d’emplois (assistant informatique et internet à domicile, technicien de l’intervention sociale et familiale etc) ce sont des secteurs qui méritent là aussi le soutien et le financement public car notre population du troisième âge va être une des plus élevée au plan national dans les 15 années à venir.
Les collectivités locales ne sont plus le vivier de l’emploi mais elles peuvent au travers d’aides financières ciblées permettent aux petites entreprises de créer de l’emploi, de participer à l’aménagement du territoire, au maillage du territoire et ainsi permettre un développement économique endogène de proximité.
Patrick GOB Chef d’entreprise, est une figure économique de la Guadeloupe, notamment des TPE.
Il a été conseiller en affaires et en gestion et fait durant de longues années le développement économique son cheval de bataille.
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